La distribution originelle de la truite commune correspond au continent euo-asiatique. Sa distribution est aujourd'hui planétaire: la truite a été introduite un peu partout sur tous les continents avec un fort taux de réussite. En France, on retrouve la truite dans presque toutes les têtes de bassins versants à l'exception des cours d'eau affectés par des travaux agricoles où ette espèce se fait rare.

La truite commune affectionne en effet les cours d'eau de faible amplitude thermique (température de l'eau inférieure à 20°C en été) avec des vitesses de courants relarivement élevée et des eaux claires de bonne qualité et très oxygénées.

Des travaux récents* ont exploré l’effet du paysage marin sur les populations de truites de mer des côtes françaises de la Manche. Les chercheurs ont mis en évidence deux populations génétiquement distinctes, qui différaient fortement en termes de tendance migratoire et de caractéristiques des stocks, correspondant aux deux éco-régions à l'Ouest et à l'Est de la Manche, délimitées par la péninsule du Cotentin :

  • A l’Ouest, les populations produisent une majorité de petites truites de mer séjournant quelques mois en mer (finnocks) ;
  • A l’Est, les populations produisent de grandes truites de mer qui effectuent de longs séjours en mer.

Une telle structuration génétique serait en partie façonnée par l’arrangement spatial et les possibilités d'alimentation des habitats marins, qui participent à la variabilité des comportements migratoires, et déterminent ainsi les échanges génétiques entre rivières. Dans le bassin oriental très productif de la Manche, la truite anadrome peut atteindre une très grande taille et un long séjour en mer, ce qui peut favoriser la dispersion et le flux génétique entre les cours d'eau voisins. Dans le bassin occidental où les opportunités d'alimentation marine sont pauvres, le cycle de vie de la truite se déroule principalement en eau douce. Par ailleurs, les rivières de part et d’autre de la péninsule du Cotentin sont géomorphologiquement différentes et les caractéristiques de l'habitat peuvent donc ajouter à la variation observée.

Ces résultats montrent que l'environnement marin, rarement pris en compte jusqu'à maintenant, pourrait jouer un rôle important, en combinaison avec les variations de l'environnement d'eau douce, dans l'évolution de l'histoire de vie chez les espèces aquatiques à comportement migratoire variable.

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Variabilité des stratégies migratoires de la truite (S. Launey, INRAe - illustration présentée lors du forum international SAMARCH, 16-18 mai 2018)

 * Quéméré, E., Baglinière, J.‐L., Roussel, J.‐M., Evanno, G., McGinnity, P., Launey, S. (2016). Seascape and its effect on migratory life‐history strategy influences gene flow among coastal brown trout (Salmo trutta) populations in the English Channel. Journal of Biogeography, 43(3), 498–509

La fragmentation des habitats a pour effet une baisse de l'abondance et de la variabilité génétique. Les ouvrages infranchisables limitent l'accès aux zones de reproduction. Lorsque les obstacles sont franchissables, leur multiplciité le long de l'axe migratoire induit:

  • un retard allant jusqu'à compromettre la reproduction
  • une baisse de l'itéroparité en raison d'une survie plus faible des poissons
  • une sur-maturation des femelles avant la reproduction allant jusqu'à la mort des oeufs ou la malformation d'embryons
  • une réversibilité possible du stade smolt - truite de mer

(extrait de la conférence sur les caractéristiques et le fonctionnement des populations de truite commune (Salmo trutta) dans les rivières du massif armoricain par Jean-Luc Baglinière, directeur de recherches à l'INRAE)