La distribution originelle de la truite commune correspond au continent euro-asiatique. Sa distribution est aujourd'hui planétaire, la truite a été introduite un peu partout sur tous les continents avec un fort taux de réussite. Sa large aire de répartition peut s’expliquer par sa forte adaptabilité et sa haute tolérance aux changements d’habitats (Baglinière et al., 2002).

Malgré sa forte adaptabilité, la truite commune possède quelques exigences biologiques : elle affectionne les cours d'eau de faible amplitude thermique (température de l'eau inférieure à 20°C en été), avec une forte saturation en oxygène dissous (> 80%), une bonne qualité de l’eau, un pH proche de 7 et un accès à des zones favorables pour la reproduction.

En France, la truite se retrouve dans presque toutes les têtes de bassins versants à l'exception des cours d'eau affectés par des travaux agricoles où cette espèce se fait rare.

Distribution TRF MNHN Distribution TRF TRM MNHN
 Répartition de la truite commune en France (source : INPN - MNHN)  Distribution des formes de de la truite commune en France (source : MNHN-SFI, 2019)
  1. Truite résidente
  2. Truite de mer

La forme sédentaire de la truite commune est omniprésente en Bretagne sur tous les cours d’eau salmonicoles. On observe cependant un gradient géographique est/ouest sur la région à l’exception du bassin versant du Couesnon au nord/est de la région. Le référentiel de la Truite fario en Bretagne montre des effectifs de juvéniles 0+ plus importants sur les stations de l’Ouest de la région.

Vigituite BZH 2023

Indice d'abondance des truitelles de l'année selon le protocole par pêche électrique Vigitruite (source : ARPB)

Des travaux récents* ont exploré l’effet du paysage marin sur les populations de truites de mer des côtes françaises de la Manche. Les chercheurs ont mis en évidence deux populations génétiquement distinctes, qui différaient fortement en termes de tendance migratoire et de caractéristiques des stocks, correspondant aux deux éco-régions à l'Ouest et à l'Est de la Manche, délimitées par la péninsule du Cotentin :

  • A l’Ouest, les populations produisent une majorité de petites truites de mer séjournant quelques mois en mer (finnocks) ;
  • A l’Est, les populations produisent de grandes truites de mer qui effectuent de longs séjours en mer.

Une telle structuration génétique serait en partie façonnée par l’arrangement spatial et les possibilités d'alimentation des habitats marins, qui participent à la variabilité des comportements migratoires, et déterminent ainsi les échanges génétiques entre rivières. Dans le bassin oriental très productif de la Manche, la truite anadrome peut atteindre une très grande taille et un long séjour en mer, ce qui peut favoriser la dispersion et le flux génétique entre les cours d'eau voisins. Dans le bassin occidental où les opportunités d'alimentation marine sont pauvres, le cycle de vie de la truite se déroule principalement en eau douce. Par ailleurs, les rivières de part et d’autre de la péninsule du Cotentin sont géomorphologiquement différentes et les caractéristiques de l'habitat peuvent donc ajouter à la variation observée.

Ces résultats montrent que l'environnement marin, rarement pris en compte jusqu'à maintenant, pourrait jouer un rôle important, en combinaison avec les variations de l'environnement d'eau douce, dans l'évolution de l'histoire de vie chez les espèces aquatiques à comportement migratoire variable.

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Variabilité des stratégies migratoires de la truite (S. Launey, INRAe - illustration présentée lors du forum international SAMARCH, 16-18 mai 2018)

 * Quéméré, E., Baglinière, J.‐L., Roussel, J.‐M., Evanno, G., McGinnity, P., Launey, S. (2016). Seascape and its effect on migratory life‐history strategy influences gene flow among coastal brown trout (Salmo trutta) populations in the English Channel. Journal of Biogeography, 43(3), 498–509

Dans le cadre du programme Interreg SAMARCH (Salmonids management around the channel - Gestion des salmonidés autour de la Manche) 2017-2022, des analyses génétiques basées sur de nouveaux marqueurs vont permettre d’identifier les rivières d’origine des truites de mer échantillonnées dans les zones côtières, estuariennes ou à l’aval des rivières, de définir les chemins probables pour la dispersion de la truite entre les rivières ainsi que les paramètres environnementaux facilitant ou limitant les mouvements (nature des fonds marins, courants…). Ces nouvelles connaissances contribueront à l’amélioration de la gestion des milieux et des populations de truites de mer en Manche.