Premier bilan de l'onde de printemps 2016 des poissons migrateurs sur l'Aulne (actualité juin 2016)
Du 17 au 27 mai, les ouvertures de pertuis se sont succédées sur l'Aulne dans le cadre de l'expérimentation d'ouverture des pertuis pour la remontée des poissons migrateurs. L'heure est au bilan...
La situation des poissons migrateurs amphihalins sur le bassin versant de l'Aulne est critique. En particulier, les populations de saumons et d'aloses voient leur effectif stagner à des niveaux très inquiétants.
Le comité de pilotage du site Natura 2000 de la vallée de l'Aulne et la Commission locale de l'eau du SAGE Aulne ont décidé de tester une expérimentation pour faciliter la migration de ces espèces et leur accès à des zones de reproduction de qualité.
Au printemps, l'expérimentation consiste à créer une onde de migration partant du bief de Coatigrac'h jusqu'au bief du Guillec en ouvrant de manière temporaire et successive les pertuis des barrages. A l'automne, l'onde de migration s'étend du bief de Coatigrac'h au bief de Pénity.
Le principe de l'expérimentation est présenté dans une vidéo mise en ligne par l'Etablissement public d'aménagement et de gestion du bassin versant de l'Aulne (EPAGA) :
Premier bilan pour l'onde de printemps 2016...
(propos recueillis auprès de Sylvestre Boichard, chargé de mission "Natura 2000 Vallée de l'Aulne, et Lucas Drancourt, service civique, au sein de l'EPAGA)- Côté méthodologique, les conditions hydrologiques et les conditions d'observations ont été très favorables avec respectivement des faibles débits et une turbidité nulle tout le long de l'opération
- L'onde de printemps semble être un succès pour plusieurs raisons :
- Pour les aloses :
- Plusieurs dizaines d'aloses ont été observées au niveau du pertuis de Trésiguidy en aval duquel se situe une zone de frai fonctionnelle
- Des bulls ont été observés de la frayère de Trésiguidy
- Malgré cela, les bancs d'aloses semblent moins nombreux qu'en 2015, vraisemblablement à cause de remontées de géniteurs plus faibles (528 géniteurs en 2016 contre 1 164 en 2015 au niveau de l'observatoire de Châteaulin) et d'individus bloqués en aval des pertuis de Prat Hir et de Toul ar rodo après leur fermeture
- Pour les aloses :
- Pour les lamproies :
- Les lamproies, très abondantes au lancement de l'expérimentation, semblent avoir profité pleinement de l'onde de migration puisque de nombreux individus ont été systématiquement observés dans les pertuis débarrés
(source : EPAGA)
- Des frayères à lamproies ont été observées en aval de Coatigrac'h
- Pour les saumons :
- Des saumons ont été observés à plusieurs reprises en-dessous des barrages en amont de l'onde de migration
(source : EPAGA)
- En configuration débarrée (niveaux d'eau abaissés en aval et en amont), il semble que les aloses et les lamproies franchissent difficilement les pertuis. Or, une étude, réalisée par l'INSA en 2015, prévoit que dans ces conditions, les vitesses d'écoulement sont compatibles avec le capacités de nage des poissons. Les observations montrent donc que les vitesses de courants dans les pertuis ont peut-être été sous-estimées
- Les pêches de sauvetage, réalisées par la fédération de pêche du Finistère, ont permis de sauver plusieurs centaines d'anguillettes dans la passe de Coatigrac'h ainsi qu'un millier de petits poissons blancs dans les biefs de l'Aulne et du Guillec
Quelques résultats pour 2015...
- Les indices d'abondance en juvéniles de saumons particulièrement bons en 2015 sur le bassin de l'Aulne ne permettent pas de conclure sur l'eficacité de l'onde d'ouverture
- L'onde de printemps de 2015 a été une réussite à plusieurs titres :
- les aloses ont atteint une nouvelle zone de frai fonctionnelle
- les conditions de franchissement ont été très bonnes pour les saumons et les lamproies
- les impacts écologiques ont été limitées à quelques annexes hydrauliques
- l'impact sur les berges a été jugé acceptable par le gestionnaire
- L'onde d'automne 2015 a du faire face à des remontées estivales de saumons très faibles et des débits automnaux bas
Il s'agit de la troisième et dernière année d'expérimentation. Un important travail d'analyse des données débutera ensuite afin de disposer d'éléments solides quant au choix du mode de gestion privilégié pour assurer la libre circulation des poissons migrateurs.
