Biologie de la truite de mer

Ombredane et al., 2012

La truite de mer est la forme migratrice de la truite fario et non une espèces différente. La truite commune regroupe trois formes écologiques :

  • La truite de rivière (ou truite fario) qui reste dans les cours d'eau et garde sa robe juvénile
  • La truite de mer qui met en place des mécanismes d'adaptation à l'eau de mer, développe une robe argentée er un comportement de banc
  • La truite de lac, non présente en Bretagne, qui adopte également une robe plus ou moins argentée

Il n'existe pas de différence génétique entre les formes "marine" et "eau douce" de la truite (Charles et al., 2005). Le caractère migratoire n'est que pour partie héritable, c'est-à-dire que la  truite a la capacité de développer une forme biologique à partir d'une autre. La probabilité qu'un individu devienne une truite de mer est toutefois plus élevée lorsque ces parents sont truites de mer. Dans les cours d'eau côtiers, il n'existe par ailleurs pas deux tactiques de vie distinctes chez la truite mais un continuum s'exprimant à la fois dans le temps (âge de maturation, espérance de vie) et dans l'espace (distance de migration) (Cucherousset et al., 2005). Ces tactiques sont sous le contrôle du taux de croissance aux stades juvéniles et diffèrent selon le sexe et l'année. Outre la migration, les stratégies de vie divergent par un investissement différent chez la femelle en termes de nombre d'ovules et de taille (Acolas et al. 2008).

La truite de mer est un migrateur amphihalin anadrome. Sa biologie est très proche de celle de la forme rivière à l'exception de la phase adulte qui se déroule en mer.

Les adultes remontent les cours d'eau entre mai et janvier pour se reproduire. Elle recherche à partir de novembre des secteurs courants relativement rapides et bien oxygénés, à fond de gravier, favorables à la reproduction.

A l'éclosion, les alevins vésiculés demeurent dans les frayères jusqu'à résorption de leurs réserves vitellines au printemps. Dès lors, les alevins émergent des zones de frayères et commencent à se nourrir de petites proies vivantes.

Suivant les ressources alimentaires disponibles et la densité de juvéniles, les tacons restent 1 à 3 ans en eau douce avant de dévaler vers la mer. Le juvénile de truite de mer, comme le saumon, met en place au printemps des mécanismes d'adaptation à l'eau de mer (smoltification). Cela se traduit par des changements physiologiques, morphologiques (robe argentée) et comportementaux (migration en banc vers la mer). Au cours de cette période, les smolts s'imprègnent des caractéristiques de la rivière pour la retrouver lors de la migration de retour (phénomène de homing).

La truite de mer a la particularité de pouvoir se reproduire plusieurs années consécutives.

Les truites de mer restent près des côtes et n'effectuent pas ou peu de migrations vers les zones de grossissement de l'Atlantique nord, contrairement au saumon.

Truite de mer cycle de vie

Selon la durée du séjour marin, trois types se distinguent :

  • Les finnocks remontent en eau douce après 2 à 3 mois de croissance en mer (seuls les plus grands sont matures)
  • Les truites de mer de "un hiver de mer" remontent en eau douce après un seul hiver passé en mer
  • Les truites de "deux hivers de mer" ou plus ont séjourné au moins deux hivers ne mer avant de revenir en eau douce ou se sont déjà reproduites

Régime alimentaire

La truite est une espèce très opportuniste. Son régime alimentaire varie considérablement en fonction de la disponibilité alimentaire du milieu et des variations saisonnières et journalières. Elle se nouriit de crustacés, d'insectes aquatiques et terrestres, de larves d'insectes, mollusques, poissons...

En rivière, les tacons se nourrissent essentiellement d'invertébrés.

Bibliographie

Acolas M-L., 2008. Déterminisme des tactiques de vie chez la truite commune Salmo trutta : influences maternelles et environnementales sur le comportement migratoire des juvéniles. Thèse. Université de Caen : 242 p.

Acolas M-L., Roussel J-M., Baglinière J-L., 2008. Linking migratory patterns and diet to reproductive traits in female brown trout (Salmo trutta L.) by means of stable isotope analysis on ova. Ecology of freshxater fish, 14 : pp 382-385.

Charles K., Guyomard R., Hoyheim B., Ombredane D., Baglinière J-L., 2005. Lack of genetic differenciation between anadromous and non-anadromous sympatric trout in a Normandy population. Aquatic living ressources, 18 : pp 65-69.

Cucherousset J., Ombredane D., Charles K., Marchand F., Baglinière J-L., 2005. A continuum of life history tactics in a brown trout (Salmo trutta) population. Canadian journal of fisheries and aquatic science, 62 : pp 1600-1610.

Ombredane D., Baglinière J-L, Berebi P., 2012. La truite commune (Salmo trutta, Linné 1758). In "Atlas des poissons d'eau douce", sous presse.


Pour aller plus loin...

Couverture_Atlas-poissons-eau-douce_2011

"Les poissons d'eau douce de France"

Coordinateurs : Philippe Keith, Henri Persat, Eric Feunteun et Jean Allardi

Biotope Éditions (ISBN Biotope : 978-2-914817-69-1)