Le saumon atlantique est une espèce itéropare. Ce terme barbare vient du verbe latin itero (iterare), « recommencer » et du verbe pario (parere), « enfanter ». Le saumon atlantique peut en effet se reproduire plusieurs fois. Néanmoins, la survie après reproduction est faible. Elle varie en fonction du stock, de l’année, de la qualité du milieu et de la localité. En France, la survie est très faible, le nombre de multi reproducteurs varie de 0,5 à 3% pour l’ensemble des populations françaises, cela étant très probablement dû aux fortes températures, à la qualité dégradée de l’eau et de l’habitat aquatique.Après la reproduction, les saumons sont très fatigués et peuvent être infectés par le champignon aquatique commun saprolegnia spp. Un fort taux de mortalité peut avoir lieu dans les 2 semaines suivant le frai. Les « survivants » ou ravalés, majoritairement des femelles, ne migrent pas directement vers la mer. Très amaigris, ils ont besoin de zones de repos sûres pour se rétablir et restent ainsi plusieurs mois en rivière. Avant de regagner l’océan, ils vont subir une nouvelle transformation physiologique (cf. Article 2 de la chronique d’Eog) pour redevenir un magnifique poisson argenté, adapté à l’eau salé.
Certains de ces saumons reviennent alors pour un ou plusieurs autres cycles de reproduction, ce sont des saumons de X retour. Sur le Scorff, le nombre de saumons de 2nd retour est faible mais très variable, oscillant entre 0 et 39 individus entre 1995 et 2017. Le taux de survie des saumons de 2nd retour, dépendant de la survie post-reproduction et de la survie en mer, est très fluctuant depuis le début des suivis. Les survies plus élevées entre 2003 et 2012 semblent liées à un meilleur état sanitaire des adultes après la reproduction.
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Evolution des effectifs de saumon de 2nd retour de 1994 à 2017 au niveau du piégeage du Moulin des Princes (à gauche) et évolution des taux de survie au 2nd retour en fonction de l’année de 1er retour de 1994 à 2016 (à droite)
Même si les taux de survie au 2ème retour en fonction de l’année de 1er retour sont très faibles - maximum de 7% sur le Scorff -, cela peut représenter un potentiel de déposes d’ovules conséquent... En effet, la fécondité des femelles étant reliée à la taille :
Le potentiel reproducteur des saumons de 2nd retour est très élevé et cette caractéristique revêt l’importance de les protéger. Comment faire ? En optimisant l’échappement des ravalés après la reproduction avec des dispositifs adaptés. En Bretagne pour maximiser les chances de retour des ravalés, la pêche du saumon bécard ou saumon de descente est interdite toute l’année.
… Prochain épisode mi-janvier
Pour lire ou relire les précédents articles de la chronique "Une année avec Eog... Un saumon de Bretagne!"
Pour en savoir plus sur l'année internationale du saumon