Une année avec Eog ! Episode 22 - Une ponte en plein hiver

Publié le 16 Décembre 2019 dans Actualités
Une année avec Eog ! Episode 22 - Une ponte en plein hiver

Depuis l’automne, mâles et femelles se concentrent sur les faciès courants et oxygénés des rivières qui les ont vu naitre (Cf. épisode 6 de la chronique d’Eog). Ils portent maintenant de belles parures dorées, signes que l’heure de la reproduction approche… Et lorsque les conditions de débit et de température sont optimales, commence alors la reproduction des saumons…Elle se déroule entre fin novembre et début janvier. Les femelles vont dans un premier temps explorer le lit du cours d’eau pour déterminer le futur site de ponte. Cette activité se fait généralement en présence d’un ou plusieurs mâles à proximité. Une fois le site choisi, les femelles construisent leur nid : sur le flanc, elles creusent en battant intensément leur queue dans le gravier. Les dimensions du nid, proportionnelles à la taille des femelles, peuvent atteindre 0 à 30 cm de profondeur pour 50 à 80 cm de diamètre. La fréquence de grattage augmente à l’approche de la fraie.

© Fabrice - Club des saumonniers

Alors que les femelles restent à l’intérieur ou à proximité immédiate de leur nid, les mâles, de leur côté, deviennent de plus en plus actifs : les mâles dominants protègent leur nid tandis que les dominés essaient de se glisser dedans sans se faire chasser…

Quand vient le moment de la ponte, la femelle « s’accroupit » dans le nid, touchant le gravier avec sa nageoire anale en érection. Le mâle et la femelle relâchent ensuite leurs gamètes de manière simultanée, tout en étant flanc contre flanc, le bec grand ouvert. Une fois les œufs déposés par la femelle, elle gratte rapidement pour les recouvrir. Normalement nocturne, la ponte peut devenir diurne pendant la période d’activité de frai maximale.

Le choix du site de ponte est primordial ! Il va dicter par la suite les conditions de développement embryo-larvaire pendant une très longue période pouvant aller jusqu’à 6 mois dans le Nord de l’Europe (cf. épisode 4 de la chronique d’Eog).

En Bretagne, les frayères se répartissent de la limite de marée dynamique aux têtes de bassins versants. Elles se localisent plus précisément dans les parties de cours d’eau caractérisées par une pente de thalweg de moyennement faible (0,2%) à moyennement escarpée (1%). La frayère typique est située au niveau d’un changement marqué de l’hydraulique. De telles conditions sont par exemple rencontrées au niveau des têtes de radier ou de la rive convexe des méandres.A l’échelle de la frayère, la profondeur de la lame d’eau, la vitesse du courant et la taille du substrat sont généralement considérés comme les variables internes à la rivière les plus importants dans la détermination de la sélection de l’habitat de ponte par les poissons : une profondeur entre 20 et 50 cm, une vitesse de l’eau comprise entre 35 et 65 cm/s, une taille de substrat allant de 16 à 64 mm. Ces conditions permettraient un écoulement à travers les cailloux (flux intragravellaire) élevé garantissant un bon apport en oxygène.

Représentation schématique de la zone de fraie (Baglinière, 1991)

Chaque femelle va pondre en moyenne de 4000 - pour un castillon - à 8000 œufs - pour un saumon de printemps. Mais la majorité des œufs n’atteindront jamais le stade adulte...

  … Prochain épisode fin décembre

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