Une année avec Eog! épisode 14 - C’est l’été, mais où sont passés les saumons ?

Publié le 15 Août 2019 dans Actualités
Une année avec Eog! épisode 14 - C’est l’été, mais où sont passés les saumons ?

Le saumon atlantique est une espèce poïkilotherme et sténotherme. Sous ces mots « barbares » se cachent l’incapacité du saumon à contrôler sa température corporelle, qui varie en fonction de celle de l’eau, et son intolérance aux températures élevées. Le saumon préfère en effet des eaux fraîches, entre 9 et 17°C, valeur au-delà de laquelle le saumon connait un stress thermique pouvant conduire à sa mort lorsque la température de l’eau avoisine 25°C.

Pour survivre aux fortes chaleurs de l’été, le saumon doit trouver et utiliser des zones où l’eau est plus froide

La température de l’eau est un facteur clé de l’habitat en rivière, contrôlant à la fois la distribution et le comportement des organismes vivants. Lors d’épisodes de température de l’eau élevée, le saumon utilise de manière opportuniste les variations locales de température pour atténuer les effets négatifs sur son organisme.

En effet, en dehors des valeurs optimales, les fonctions d’alimentation, de locomotion, des sens… sont réduites. Cela se traduit par une demande en oxygène accrue. Si les températures s’écartent légèrement de la plage optimale, la demande en oxygène peut encore être satisfaite par la respiration aérobie. Mais à des températures extrêmes, la demande en oxygène ne peut pas être remplie par la respiration aérobie et nécessite le déclenchement de la respiration anaérobie. Le saumon entre alors en stress thermique.

La tolérance des poissons aux variations de la température de l'eau et au stress thermique varie considérablement selon la taille, l'âge et le stade de vie du poisson. A une exposition prolongée au stress thermique, les tacons de 1 an et plus cessent de s’alimenter, abandonnent leur territoire et se regroupent dans les zones d’eau froide. La réponse des smolts et des adultes au stress thermique est moins bien connue, mais il semblerait qu’ils soient plus affectés par le stress thermique que les juvéniles, tant dans leurs migrations que dans d'autres aspects de leur cycle de vie.

Mais faut-il encore que le saumon accède aux eaux fraîches…

La nature compacte et peu perméable du sous-sol bretons favorise le ruissellement de l’eau en surface, à l’origine d’un réseau hydrographique très dense de la Bretagne.

Les saumons colonisent plutôt les cours d’eau situés à l’ouest de la Bretagne, caractérisés par des écoulements rapides, des variations faibles de température, des débits stables en été et une érosion dominante. Au sein d’un même cours d’eau, les caractéristiques morphologiques et hydrauliques évoluent de sa source à son estuaire, créant des conditions locales particulières, et le saumon va privilégier les eaux fraîches et oxygénées, qui à quelques exceptions près, ne se situent en Bretagne jamais loin de l’estuaire !

N’est-ce pas l’idéal pour un saumon de passer l’été en Bretagne ? Malheureusement sur certains cours d’eau, l’Homme a changé la donne… la présence d’obstacles rend difficile et retarde l’accès à des zones d’eaux froides situés plus en amont ou sur des affluents par les saumons. Qui plus est, les retenues d’eau créées en amont des obstacles favorisent le réchauffement de la température de l’eau.

Dans un contexte de changement climatique, on peut imaginer que ces zones d’eaux fraîches joueront un rôle de plus en plus important sur la survie des saumons en eau douce…

  … Prochain épisode fin août

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