Dans les secondes qui suivent la ponte, l’œuf de saumon, de couleur orange ou ambre, est déposé dans le nid, rapidement recouvert par les graviers grattés par la femelle saumon.
La phase embryo-larvaire intervient entre décembre et début avril. Au cours de cette phase, on distingue différents stades :
Les deux premiers stades durent à eux deux 440 degrés-jours c’est-à-dire que la somme des températures moyennes de chaque jour est égale à 440. Au printemps, l’œuf donne naissance à une larve de saumon qui reste sous le gravier et continue de se développer en utilisant les réserves contenues dans sa vésicule vitelline. Une fois leur sac vitellin résorbé, la larve émerge du substrat.
Illustration :Œufs de saumon à différents stades de développement (Source : © Hoenny / wikipedia)
Illustration : larve de saumon sortant de l’œuf (source : © Uwe Kils / wikepedia)
La morphologie particulière de la frayère (une dépression suivie d’un dôme) favorise la pénétration de l’eau dans le substrat et son oxygénation, indispensable au bon déroulement de la phase embryo-larvaire. Elle constitue une période critique où la survie est soumise à de nombreux facteurs interagissant de manière complexe :
La composition du gravier influence la survie des œufs et des juvéniles en agissant sur :
Elle augmente au moment du creusement du lit par les géniteurs et par la suite, diminue naturellement pendant la période d’incubation à cause du compactage du gravier. Le colmatage peut donc avoir un impact fort sur la survie des stades embryo-larvaires en induisant une plus faible perméabilité du nid et de ce fait un plus faible apport en oxygène.
Le diamètre du substrat est probablement le paramètre le plus important de l’éclosion à l’émergence. A partir de 1mm, les particules qui se déposent à la surface du nid forment une couche inhibant l’émergence des alevins. Entre 6 et 15mm, les particules sont trop lourdes pour pouvoir être bougées et trop petites pour que l’alevin puisse passer à travers l’espace intra-gravellaire.
Elle joue un rôle majeur jusqu’à l’éclosion. Les exigences en oxygène augmentent avec la température et l’avancement du stade de développement. Un déficit en oxygène peut avoir des effets sub-létaux, conduisant à une croissance réduite, une efficacité réduite dans l’utilisation des réserves de la vésicule vitelline, des éclosions prématurées et des changements morphologiques.
Elle agit tout d’abord sur la durée d’incubation de l’œuf qui s’allonge avec une diminution de température et a contrario, se réduit avec une augmentation de la température. Bien entendu, ceci n’est valide que dans la gamme de tolérance thermique, c’est-à-dire entre 0 et 12°C (seuils létaux). Entre la phase d’éclosion et d’émergence, la température de l’eau influence également sur la taille des alevins en jouant sur les proportions d’énergie (sac vitellin) allouées à la croissance, à la respiration et autres activités métaboliques : de faibles températures d’incubation augmentent la proportion utilisée pour la croissance et ainsi donnent lieu à de plus grands alevins. Or la taille influence la survie.
Les fluctuations de débit influencent les flux intra-gravellaires, le transport ainsi que le dépôt des particules fines. 2 hypothèses s’opposent : de forts débits conduisent à une remise en suspension des fines améliorant ainsi la survie / un débit élevé augmente le transport de particules fines et donc entraine le colmatage des frayères. Dans tous les cas, une forte crue entraine un déplacement des œufs et alevins voire la destruction des frayères et peut ainsi être une cause majeure de mortalité selon l’intensité du phénomène.
A l’inverse, des débits très bas peuvent induire une mortalité par le gel ou l’exondation bien que les conditions du substrat environnant puissent fournir une isolation thermique et une humidité suffisante pour que les œufs survivent pendant plusieurs heures voire plusieurs semaines.
Lorsque la surface de reproduction est insuffisante pour le nombre de géniteurs présent, des phénomènes de surcreusement peuvent conduire à un recrutement plus faible par géniteur.
La phase de post-émergence constitue la transition entre la période de vie larvaire et la vie en pleine eau pendant laquelle, l’alevin va apprendre à nager, évoluer contre le courant, s’adapter à une alimentation exogène…
Illustration : Alevins de saumon (source : http://www.cbjc.org/trousse-educative/attachment/3389/)