En 2017, le saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha) a été observé sur 3 rivières en France : la Canche en août et le Gouët et l'Elorn en septembre.
L'attention doit donc être de mise en 2019 car de retour en rivière tous les 2 ans, des saumons roses pourraient migrer cette année dans les cours d'eau bretons... BGM lance un appel aux pêcheurs pour signaler toute capture de saumon rose auprès de leur fédération de pêche, de Bretagne Grands Migrateurs ou de l'Agence française pour la biodiversité.
Même s'il apparaît possible d'un point de vue réglementaire de pratiquer le "no-kill", il paraît, par précaution, plus judicieux de conserver le saumon rose pour confirmer l'identification de l'espèce et réaliser des mesures biométriques et des prélèvements.
A minima, il faut remonter les informations liées à leur capture :
Localisation de la zone de prélèvementdes écailles
Il est conseillé d'utiliser les formulaires de déclaration truite de mer du CNICS, disponibles chez tous les dépositaires d'assortiments migrateurs, en précisant "saumon rose" pour éviter tout risque de confusion.
Exemple fictif d'une déclaration de capture d'un saumon rose
La déclaration peut être accompagnée d'une ou plusieurs photos permettant d'identifier formellement l'espèce. Elles peuvent être transmises par email à l'adresse du CNICS : cnics@afbiodiversite.fr
Dans la mesure du possible, il est fortement conseillé de conserver la tête du poisson afin d'effectuer un prélèvement d'otolithes. La tête pourra être congelée et confiée, dans le cas d'un particulier, aux services départementaux de l'Agence française pour la biodiversité, qui se chargeront de l'acheminer jusqu'au CNICS.
Pour connaître les coordonnées du service départemental de votre département
Le saumon rose est un poisson migrateur amphihalin anadrome, c'est-à-dire qu'il vit habituellement en mer et remonte les cours d'eau pour s'y reproduire. Son cycle de vie se déroule en 2 ans dont 18 mois de vie en mer. Les adultes ont en moyenne une taille de 50 cm pour un poids moyen de 2 kg. La reproduction a lieu entre août et novembre, plutôt en aval des cours d'eau sur les zones de radiers, et les géniteurs meurent peu de temps après.
Le saumon rose est une des six espèces de saumon du Pacifique. Il colonise les côtes américaines et asiatiques de l'océan Pacifique Nord. Suite aux changements climatiques, sa distribution s'étend de plus en plus dans les eaux de l'Arctique, naturellement côté canadien et partiellement aidé par des transplantations côté russe.
L'espèce a été accidentellement introduite sur la côte atlantique du Canada dans les années 50. En Europe, elle l'a été intentionnellement et avec succès à la même période par les russes pour le développement de la pêcherie dans les cours d'eau de la péninsule de Kola (mer de Barents). Le saumon rose a colonisé dès les années 60, la Norvège et l'Islande et les années suivantes, les tributaires de la mer Baltique, l'Ecosse, l'Angleterre et l'Irlande.
Des reproductions ont depuis été recensées en Norvège et plus récemment en Ecosse. A l'heure actuelle, il n'existe que de petites populations autonomes dans 11 rivières norvégiennes sur 400 rivières colonisées par cette espèce.
En 2017, l'espèce a été signalée dans de nombreux pays d'Europe du Nord, avec notamment une trentaine d'individus capturés en Irlande, une centaine au Royaume-Uni, et également en Finlande, Islande, Danemark, Allemagne et France.
Comme toutes les salmonidés, le saumon rose possède une nageoire adipeuse. Sa livrée en mer est blanche argentée, son dos noir avec des reflets verdâtres. Il a de très petites écailles et sa chair est rose vif.
Lors de sa migration en rivière, il développe de nombreux points noirs sur le dos et la queue. Lorsque la période de reproduction se rapproche, le dos du mâle devient brun à noir et celui de la femelle vert olive avec des barres ou des tâches sombre, tandis que leur ventre reste blanc brillant. Le mâle présente des caractères sexuels secondaires :
Photographie du saumon rose capturé sur la Canche en août dernier (Source : FDAAPPMA 62)
Les juvéniles de saumons roses sont dépourvus de marques transversales sur les flancs, sont de très petite taille et ont une livrée blanchâtre dont la couleur argentée s'accentue lors de la migration vers la mer.
Les risques sur la faune piscicole en général et les salmonidés en particulier semblent a priori faibles pour plusieurs raisons :
L'absence de co-existence dans l'espace et dans le temps éviterait toute compétition pour la reproduction. Néanmoins avec la présence d'obstacles à la migration sur les parties basses des cours d'eau, ces espèces pourraient alors se reproduire sur les mêmes zones. Les effets de surcreusement des frayères se feraient au détriment du saumon rose qui se reproduit plus tôt dans l'année.
Néanmoins, les connaissances sur l'écologie du saumon rose en Europe sont limitées, en particulier sur les cours d'eau récemment colonisés (Royaume-Uni, Irlande) dont les conditions naturelles diffèrent de celles des rivières du nord de l'Europe. Les capacités d'adaptation du saumon rose à ces nouvelles conditions ne peuvent ainsi être réellement prédites.
Source : BEAULATON Laurent, JOSSET Quentin, BAGLINIÈRE Jean-Luc, 2017. Le saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha, Walbaum, 1792). Pôle AFB-INRA Gest’Aqua. 9 pages